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Culture

La controverse d’Antioche

L’Épître de Paul aux Galates est la principale source de l’incident d’Antioche, conflit de l’âge Apostolique entre les apôtres Pierre et Paul qui a eu lieu dans la ville d’Antioche vers le milieu du 1er siècle.

L’ouverture vers le monde non-juif rencontre des résistances dans sa mise en application. Elles proviennent de la communauté fondatrice de Jérusalem, conduite par Jacques.

Alors que les païens ont commencé à se convertir du paganisme au christianisme, un différend est survenu entre les dirigeants chrétiens quant à savoir que les Gentils devaient observer tous les préceptes de la loi de Moïse ou non. En particulier, il fut débattu si les Gentils convertis devaient observer les lois judaïques liés à l’alimentation ou la circoncision; la circoncision en particulier étant considéré répulsive dans la culture hellénistique, et interdite dans l’empire romain.

Pierre se retrouve donc à Antioche peu après le « concile» de Jérusalem. Lors du « concile » un accord a été trouvé dans le partage de la mission. Paul est mandaté pour aller vers les nations, et Pierre reste responsable des circoncis. Pierre reste donc fidèle aux prescriptions juives (nourriture, fêtes, sabbat, etc.). Cependant, en arrivant à Antioche, il change de comportement. Influencé par la communauté locale et par Paul, il commence, lui le Juif, à faire table commune avec les disciples de Jésus non juifs. C’est donc une adhésion concrète à la pratique de la communauté d’Antioche qui considère que les contraintes attachées à la Loi ont fait leur temps. En Christ, un ordre nouveau s’ouvre qui transcende les barrières antérieures entre Juifs et païens.

L’arrivée de gens « envoyés par Jacques » (Galates 2,12) provoque un changement dans le comportement de Pierre vis-à-vis des « païens ». Ce pourrait être un signe de l’autorité de Jacques, non seulement sur l’Église de Jérusalem, mais aussi sur celle d’Antioche. Mais Paul s’en prend directement à Pierre, ce qui montre qu’il lui reconnaît une autorité, au-dessus de tous les autres. Il l’appelle « Cephas », par ce nom que Jésus lui a donné en tant que chef des Douze : « lorsque Céphas vint à Antioche, je m’opposais à lui face à face, car il s’était mal comporté» (Galates 2,11).

Avant la venue des envoyés de Jacques, Pierre prenait donc ses repas avec les païens. Après leur arrivée, « il se mit à reculer et se mettre à part, par peur des circoncis ». Quelle est donc la faute de Pierre, qui mérite une contestation publique aussi sévère ? « Il s’était mal comporté. » Il ne marchait pas « selon la vérité de l’Évangile » (Galates 2,11.14).

La réaction de Paul suppose quelque chose de plus grave.

Un retour en arrière insupportable

Les envoyés de Jacques conduisent Pierre à remettre en cause son comportement, en cohérence avec ce qu’il avait découvert dans sa rencontre avec Corneille (Actes 10-11). Pierre revient donc à la pratique antérieure. Au regard de son autorité, il entraîne avec lui «les autres Juifs et Barnabé lui-même ». Pour Paul, c’est un retour en arrière qu’il ne peut supporter, car il remet en question son Évangile.

Paul reconnaît le droit des judéo-chrétiens à conserver les diverses pratiques juives, à condition que le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus, demeure, pour eux comme pour les païens, l’unique voie du salut. Vouloir imposer aux païens les poids des préceptes de la Torah, c’est briser la communion de la communauté et prendre le risque de remettre les croyants sous le joug de la Loi.

Au final, l’incident provoque l’éloignement de Paul de la communauté d’Antioche, à laquelle il a été lié pendant douze ans. Il n’y reviendra plus. Désormais il ne s’occupera plus que des Églises qu’il a fondées.

Le conflit d’Antioche et la réunion de Jérusalem ont eu une incidence considérable sur les rapports entre les deux tendances principales – les jacobiens et pétriniens d’une part, et les pauliniens d’autre part –, qui donneront par la suite naissance au judéo-christianisme et au « pagano-christianisme ».

Mais cela est une autre histoire, nous y reviendrons dans d’autres articles.

Source http://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Saint-Paul/Le-conflit-d-Antioche,